Rotterdam 2002

PRESENTATION

La 31ième édition du Festival International de Rotterdam présentait une sélection asiatique suffisamment variée et diversifiée pour qu'on soit du rendez-vous. Au programme, beaucoup de cinéma japonais et coréen (en majorité cette année), mais aussi chinois, thaïlandais, et Hk bien entendu. Voici un aperçu des films les plus marquants, pour le meilleur comme pour le pire …

EN BREF

AgitatorOn commence donc par le japon largement représenté, cette édition étant marquée par la présence "événement" du très prolifique Takashi Miike venu présenter quatre de ses films, le très long et très étrange film de Yakusa Agitator qui m'a, pour tout vous dire, laissé assez perplexe, le très manga et finalement décevant Ichii the Killer qui est certes délirant mais assez peu divertissant dans l'ensemble (ce qui pardonne pas pour un film de ce genre), l'incroyable briseur de tabou Visitor Q (déjà projeté au festival de l'étrange) et enfin, et surtout le formidable The Happiness of the Katakakuri, une comédie musicale horrifique présentée en force par le critique (aussi acteur dans le film) et qui a provoqué une déferlante de rire durant toute la projection.

Mis à part ceux du sieur Miike, d'autres films japonais étaient à découvrir, tout d'abord notons le grand retour du vénéré Seijun Suzuki avec Pistol Opéra, la classe à l'état pure, ça porte la griffe du réalisateur du début à la fin, un vrai régal pour tout cinéphile et admirateur du maître du polar surréaliste. On continue avec le brillant Blue Spring du "jeune" réa Toyoda Toshiaki qui signe ici son deuxième film après Porno Star (1998). Adaptation d'un manga, Blue Spring narre les violentes confrontations entre clans de lycéens Tokyoïtes, c'est poétique, violent, superbement photographié, bref une très belle révélation sur lequel on reviendra. Autre très belle surprise, le glauquissime Suicide Club de Sono Sion, un thriller noir où l'on suit l'enquête d'un mystérieux cas de suicide collectif, très efficace de bout en bout, le film met mal à l'aise, une réussite. Dans un autre registre, Firefly Dreams de l'américain John Williams est le portrait d'une jeune japonaise rebelle qui finit par se "retrouver" lors de son séjour dans la montagne loin de tout monde urbain. Un film qui fait beaucoup penser au Rhapsodie en Août du maître Kurosawa dans sa façon de dépeindre la relation entre deux générations opposées, un beau et sincère premier film. Tokyo X EroticaPour finir et d'un niveau inférieur, Tokyo X Erotica détient la palme du film le plus inintéressant et le plus racoleur de cette édition, une sorte de mauvais hommage au film érotique japonais (la pink Eiga) tourné en DV et servi par des "acteurs" assez mauvais dans l'ensemble. Le film semi-expérimental vaut tout de même le détour pour une scène culte où le héros (surgissant de nulle part) court à travers les ruelles de Tokyo en tenu de Superman (!!), un film ennuyeux au final.

Concernant la Corée, One Fine Spring Day était le très attendu second film de Hur Jin-Ho à qui l'on doit l'excellent Christmas in August (pour lequel il a d'ailleurs été primé meilleur réa en 1998). Sa seconde œuvre est elle aussi une romance douce amère qui confirme la position de la production coréenne dans ce genre apparemment très apprécié la-bas, en effet on tombe rarement dans la naïveté facile comme a souvent tendance à faire la production HK. Un film qui vaut le détour ne serait ce que pour son duo d'acteur Yoo Ji-Tae / Lee Young-Ae. Beaucoup plus expérimental, l'inégal Teenage Hooker Became Killing Machine in DaeHakRoh (le titre est une œuvre d'art en soi) de Nam Ki-Woong ne parvenait pas, malgré des idées originales, à masquer un scénario confus qui laisse de glace. Cela reste un film peu conventionnel qui a le mérite de sortir des sentiers battus. La Thaïlande, quant à elle, avait deux films à nous offrir et pas des moindres. Tout d'abord le second film de Oxyde Pang (exit le frère Danny) One Take Only qui est le prototype parfait du film clip au montage psychotique ! Bizarrement moi qui était totalement insensible à son précédent film Bangkok Dangerous, celui-ci m'a parût beaucoup plus divertissant et moins pénible que ce dernier. Un film conçu sous la bannière d'MTV, en un mot : un trip ! L'autre film événement, c'était The Tears of the Black Tiger de Wisit Sasanatieng, un espèce de pastiche des western spaghetti que je n'ai malheureusement pas pu voir, mais sur lequel nous reviendrons très prochainement en vue de la sortie française.

Jan DaraAu tour de l'Indonésie avec un seul film visionné, Jan-Dara de Nonzee Nimibutr (déjà auteur de l'excellent film de fantôme Nang Nak), l'adaptation du sulfureux roman de Pramoon Un-hathoop. Le film atteint des sommet de sensualité mais la structure narrative très linéaire finit par paraître pesante et je ne cache pas un certain ennui arrivé à la fin du film. Passons à la Chine avec dans un premier temps, le Weekend Plot de Zhang Ming, qui avait le mérite de bien commencer en présentant (effectivement) une ambiance proche d'un Aventura de Pasolini, malheureusement la ressemblance devait s'arrêter la. Un film plat et ennuyeux donc. Mais la présence de L'Orphelin de Wang Chao était la pour redorer le blason chinois, un film déjà présenté à la quinzaine des réas à Cannes et qui fait, une fois de plus, l'unanimité parmi la critique. Enfin on termine avec Hong Kong et le seul film que nous ayons pu voir (la aussi) à savoir le dernier film de Stanley Kwan : Lan Yu. Un film réellement intéressant mais qui laisse un arrière goût amer pour son côté presque " auteurisant ", par contre il est bon de noter la prestation exemplaire des deux acteurs principaux Hu Jun et Liu Ye. Un film qui ne tient pas toutes ses promesses mais qui présente suffisamment de qualités pour qu'on s'y attarde.

Cette année était donc relativement bien présenté en matière de cinéma asiatique bien que certains pays soient sous représentés. Le festival de Rotterdam a le mérite d'avoir l'envergure d'un grand festival sans pour autant être fermé au public, une manifestation où l'ont peut voir des films, le tout dans une bonne ambiance. Rendez-vous l'année prochaine !

SELECTION

Agitator
Avalon
Blue Spring >>
Distance
Firefly Dreams >>
The Happiness of the Katakuris
Hush !
Ichi the killer
Pistol Opera
Kairo
Suicide Club
A Tender Place
Tokyo X Erotica
Visitor Q
Wave
Water Boys

Address Unknown
Camel(s)
Flower Island
Take Care of my Cat
Teenage Hooker became Killing Machine

One Take Only >>
Tears of the Black Tiger

Millennium Mambo

Hollywood Hong Kong
Lan Yu >>
Seafood
Gege




Haut

Remerciement à tout le staff du festival et plus précisément à Mieke van Oorschot sans qui nous n’aurions pas pu être présent, et à « Leon » de l’hôtel Benelux.

date
  • février 2002
crédits
Festivals