Bon métrage. Mais il manque un certain rythme.
Malgré son pitch guère révolutionnaire et son identité visuelle (à la première approche) ciblée pour jeunes ados fans de rock, Linda Linda Linda demeure une comédie pleine de fraîcheur. Kei, Kyoko et Nozomi ne savent plus quoi faire de leurs journées suite à une petite embrouille entre musiciens, mais sont bien décidées à former un vrai groupe pour une représentation au lycée. Problème, il manque une chanteuse. Elles décident donc d'engager la première venue, l'étudiante coréenne Song, et malgré son problème léger de communication et ses talents de chanteuses à remettre en cause, cette dernière va s'attirer la sympathie auprès des autres filles du groupe. Linda Linda Linda nous raconte leur parcours jusqu'à leur reconnaissance.
A l'origine, l'oeuvre de Yamashita n'est pas un film à proprement parlé comme il en existe des dizaines traitant du même sujet, à savoir la montée d'un groupe amateur, leurs efforts et leur consécration, puisqu'en y regardant de plus près, Linda Linda Linda est traité comme un documentaire. On commence par la mise en boîte d'un petit texte que doit réciter une étudiante du lycée afin de promouvoir le festival rock du lycée, avec image en DV amateur, annonçant clairement le virage pris par Yamashita pour évoquer le destin de ses jeunes filles. La suite des évènement sera traitée de la même manière, avec un objectif bien évidemment plus professionnel, mais ce dernier suivra à la manière d'un documentaire le moindre des pas des héroïnes, les errances, les peines et les moments de joie. Classique dans la forme, le fond ne prête ni à la révolution, ni même à l'évolution du genre, peut être par faute de ne pas avoir tout tenté en dépoussiérant les étagères du film/docu-fiction musical, malgré toute la bonne volonté du cinéaste et de ses interprètes.
Le quatuor est ainsi attachant, même si Bae Du-Na sort clairement du lot par sa prestance pleine de nonchalance et son charisme de fille zinzin à côté de la plaque particulièrement hilarante. En plus, cette dernière est coréenne, ce qui n'arrange pas la compréhension entre elle et ses amies musiciennes, théâtre de conversations nonsensiques parfois amusantes. Non pas que les autres demoiselles du groupe soient mauvaises, mais leur performance reste bien plus monotone que celle de Bae Du-Na. Une monotonie que l'on retrouvera dans la réalisation, mais les affinités avec le genre documentaire, ça ne se discute pas. Ceci dit on pardonnera difficilement les énormes baisses de rythme en milieu de métrage (guère préjudiciables si l'on est un poil motivé) et le traitement très-trop- léger des personnages bis (l'ancienne rockeuse et sa voix très grave, les deux garçons neuneus, etc...), qui dirait-on, n'ont que lieu et place pour combler les passages à vide du métrage. Le plus étonnant est aussi sa durée. Pourquoi faire tenir sur plus de deux heures un ensemble qui aurait bien pu se contenter de 90 minutes?
pas mal
Il est vrai que d'un point de vue scénaristique, ce film n'est pas le plus grand film de l'histoire de tous les temps; en fait, le scénario est quasi inexistant. Mais bon, je pense pas que le réalisateur était abruti à ce point pour ne pas l'avoir remarqué. Personnellement, je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête pour faire ça, mais ça ne le rend pas mal du tout.
C'est vrai que le film paraît monotone, puisqu'il n'y a pas d'action, aucun perturbation de l'histoire initiale. Le film suit son cours sans jamais dévier de sa trajectoire et rend le film presque fade. En plus, il suffit de lire le synopsis pour se rendre compte que l'histoire est des plus banales.
Mais bon, allez savoir pourquoi, je l'ai quand même aimé ce film et je ne pense pas être le seul.
Il faut le regarder pour se faire sa propre opinion, mais il y a quelque chose qui fait que ce film est bon.
Doo-na Doo-na Doo-na
On va pas dire que le scénar casse des briques : quelques jours avant la fête du lycée où elles devaient jouer pour le concert de fin d’année, un groupe de filles se sépare suite à la blessure de sa guitariste et de la prise de bec entre la pianiste et la chanteuse. Qu’à cela ne tienne, elles joueront quand même : la pianiste jouera de la guitare et en guise de chanteuse elles dégottent la première venue, en l’occurrence une étudiante coréenne dont le japonais n’est pourtant pas très brillant.
Y a pas lieu de chercher là quelconque originalité. Au début les filles sont nulles, à la fin elles se débrouillent quand même mieux, et entre temps elles auront vécu quelques petites aventures (encore plus empotées avec la drague qu’avec la musique, c’est dire) et se seront entraînées sur leurs instruments.
Pourtant, si Linda Linda Linda ne révolutionne en aucun cas le genre (qui ne demande d’ailleurs pas à être révolutionné) il l’aborde avec une fraîcheur et une modestie toute réjouissantes.
En effet quoi de plus désagréable et absurde qu’un final (malheureusement légion dans ce genre de films) comme celui de Swing girls – film auquel on pourrait facilement comparer Linda Linda Linda : deux films de girls-band japonais sortis quasiment en même temps – dans lequel des filles un premier temps incapables d’aligner trois accords se voient faire un carton dans un grand concours national prestigieux ? Dans Linda Linda Linda, le ridicule de l’enjeu rend le tout d’autant plus crédible et attachant. Certes, les filles ont droit à leur petit triomphe (faut pas exagérer non plus), mais lors d’une minable fête de lycée où elles n’aurait jamais eu plus de quatre personnes dans le public si la pluie n'avait pas été de la partie et si tout le monde ne c’était pas réfugié dans le gymnase ! Plaisante ironie.
Mais on pourrait presque se demander ce qu’il resterait de Linda Linda Linda sans Bae Doo-Na (cela dit, les autres filles sont bien aussi). J’avoue ne pas être vraiment dans mon état normal dès qu’il s’agit de cette actrice (mais y a bien une raison), mais il faudrait vraiment être de mauvaise foi pour ne pas voir qu’elle casse littéralement la baraque. Toujours aussi à son aise dans des rôles de grosse paumée complètement à coté de la réalité (d’autant plus dans un pays étranger ; la scène avec le gérant du karaoké est d’ailleurs géniale – encore plus sans sous-titres d’ailleurs), elle livre dans ce film l'une de ses meilleurs prestations (au delà même du fait de jouer dans une langue étrangère et de chanter) et confirme qu’elle a à présent assez de bouteille pour briller même dans le plus épouvantable des navets.
Justement, le pire c’est que Linda Linda Linda n’est même pas un navet, malgré ce que pourrait laisser penser un synopsis battu et rebattu et un trailer des plus flippant. Rien de bien nouveau bien entendu, mais un film plaisant jusque dans ses longueurs, voir même rafraîchissant et attachant, et qui se paye le luxe de se faire aimer pour des motivations pas toujours très rationnelles.
PS : pendant que j’y suis, les quatre actrices ont formé pour l’occasion le groupe du film et ont sorti un album (We are Paran-Maun), pas particulièrement extra (n’est pas Chara qui veut) mais plutôt fun.
04 juillet 2006
par
Epikt
Tu m'as donné des boucles d'oreilles en forme de girafe la tête en bas
En voila une belle surprise. Comment réussir un film de 1h55 avec un scénario aussi épais que du papier cigarette et qui finalement tient en éveil jusqu'au bout? Des lycéennes tentent de former un girl-band à temps pour le festival scolaire. Grand Dieux vont elles y arriver??????
Filmé en long plan séquence, Yamashita est bien souvent à la limite de l'ennuie mais n'y tombe jamais (ou très rarement). Il réussi à nous tenir debout grâce à un savant mélange de mélancolie saupoudré d'humour. La sauce marche, on se dit quand même que c'est un miracle. Un miracle réussit par la formidable actrice coréenne BAE Du-na. Elle est ici naïve de sincérité et sort clairement du lot des autres (à voir rien que pour la scène avec le gérant du karaoké où elle veut apprendre à chanter). Elle y amène une dimension supplémentaire et inattendue en esquissant sur le tapis le problème de l'immigration coréenne, sujet sensible au Japon, sans jamais plomber le film car le thème principal n'étant pas celui-là. Au final, même si j'ai préféré un film comme Swing Girls, Linda Linda Linda mérite clairement un détour.
De la beauté de l'inertie
Linda Linda Linda est un film surprenant à plus d'un titre. D'abord, par son rythme et ses longs plans fixes, complètement déroutants dans un film du genre. On se rapproche plus de Naomi Kawase (sans tout de même en atteindre la profondeur) que des productions nipponnes branchées hystériques et colorées. Les péripéties sont proches du zéro, le réalisateur évitant à tout prix les excroissances scénaristiques visant à créer du mouvement et du suspense; il ne se passe rien, ou si peu, l'histoire se focalisant sur l'amitié naissante entre les 4 filles qui tiennent le haut de l'affiche. Le film est souvent drôle, mais d'un humour subtil et légèrement absurde, comme cette très belle scène un brin cruelle où Bae Doo-Na douche le premier amour d'un lycéen par sa réaction complètement décalée. Saillent ici et là des pointes de mélancolie, entre cet ancien petit ami qui va quitter sa ville natale pour Tokyo et cette guitariste à la voix cassée qui vend des bières sur le toit du lycée. Pas d'éclats de rires, ni de larmes cependant, mais une ambiance franchement prenante, qui porte le film et lui donne du volume.
Sobre et de bon goût, servi par un réalisateur sachant bien diriger ses actrices et capable de quelques beaux plans, Linda Linda Linda, est une belle réussite. On lui reprochera cependant d'être 20 minutes trop long au vu de ce qu'il raconte, Yamashita se laissant prendre à son propre jeu, lui-même alangui par le rythme de son film.
Chewing Girls
Le plus gros exploit du film est d'avoir réussi à tenir 2h15 pour un pitch tenant sur une baguette de batterie : plusieurs filles décident de former un groupe de rock pour participer au Festival de Rock scolaire…
Si des films tels que "Waterboys", "Give it all" ou "Swing Girls" présentaient encore quelque intérêt par l'enjeu (prouver que des débutants peuvent gagner), des mises en situation cocasses (une équipe de branques doit tout apprendre de zéro) ou le portrait appuyé des différents protagonistes, rien de tel dans "Linda …" : l'enjeu est minime, le but finalement assez facilement atteignable avec un peu de pratique et les personnages à peine esquissés.
Que se passe-t-il donc pendant ces 135 mn de film ? Rien – ou si peu de choses.
Honnêtement mis en scène, le film n'est pas une catastrophe – juste un grand vide scénaristique d'un ennui assez prononcé.